Après des siècles dominés par l’art figuratif, le 20ème siècle ouvre la voie à une nouvelle esthétique caractérisée par une épuration totale de la composition et une pureté de la ligne. L’abstraction se développe ainsi en réaction à l’esthétique dominante de l’histoire de l’art qu’était la figuration à travers les portraits, les scènes de genre ou le paysage.
L’art ne s’appréhende plus comme une représentation mimétique de la réalité. Au contraire, les artistes du début du siècle cherchent à se libérer des préceptes établis et veulent briser les codes de la représentation. Ils imposent une esthétique de l’exclusion caractérisée par un dépouillement des formes et une simplification inédite de la composition. L'œuvre abstraite est rendue nue de toute référence à la réalité et devient le support d’une idée plus conceptuelle. L’abstraction se reconnaît par l’absence d’éléments identifiables au réel.
Le passage à l’abstraction est la suite logique des innovations déjà entreprises sur la forme et la couleur depuis la fin du 19ème siècle par William Turner, James Whistler, Henri Matisse ou encore Claude Monet.
Les théoriciens de l’art s’accordent à reconnaître à Vassily Kandinsky la naissance de l’abstraction lorsqu’il publie son essai « Du spirituel dans l’art » en 1910. Kandisky annonce les prémices de l’abstraction qui se retrouveront plus tard dans une des oeuvres évocatrices de l’avènement de l’abstraction Composition suprématiste : carré blanc sur fond blanc en 1918. Cette œuvre marque un tournant déterminant dans l’art du 20ème et fait du carré la forme pure et idéale. L’impact de l'œuvre de Piet Mondrian n’est pas à négliger dans l’émergence de l’abstraction géométrique. Mondrian opère une réduction drastique de la forme et conduit une réflexion sur la ligne, la couleur et sur le sens des formes. Le carré, le triangle, les lignes deviennent les éléments principaux qui se déploient et se répondent sur un espace bidimensionnel.
Mais l’abstraction ne peut pas se limiter uniquement à la production de ces artistes, il existe aussi une toute autre abstraction en Europe à travers les courants du Bauhaus, du surréalisme ou du fauvisme.
Les œuvres des avant-gardes historiques ont eu une influence déterminante sur la production artistique de la seconde moitié du 20ème siècle. À la fin de la seconde guerre mondiale, et en réponse aux horreurs vécues, émerge une nouvelle abstraction aux États-Unis qui place la couleur et la force créatrice de l’artiste au centre de la composition. Si aucun manifeste n’a été rédigé pour rassembler toutes ces mouvances, elles se regroupent autour d’une idée commune selon laquelle la peinture se concentre sur le geste, la couleur et la matière. Ainsi, l’Action Painting porté par Jackson Pollock et le Colorfield, si représentatifs des œuvres de Mark Rothko, constituent le mouvement de l’expressionnisme abstrait. Époque de renouveau des arts, la tendance à l'abstraction s’impose sans concession et se retrouve dans l'œuvre d’artistes de l’art américain dont les plus grands représentants sont Willem de Kooning, Franz Kline, Lee Krasner ou encore Barnett Newman.
Si l’abstraction a connu son apogée à la fin du 20ème siècle, elle continue de fasciner les artistes. Le réservoir vous propose de découvrir sa sélection d’éditions abstraites.